Chouette hulotte

@Steve Fontana_jeune fraîchement sorti d'un nichoir
@Laurent Broch_jeune dans une cavité de foyard/hêtre

Chouette hulotte – Strix aluco – Waldkauz – Tawny Owl

La Chouette hulotte est un rapace nocturne forestier connu et bien répandu sous nos latitudes. On la voit rarement mais c’est son hululement, très fréquemment utilisé dans le monde cinématographique, qui est son meilleur indice de présence. Ce prédateur sédentaire, au régime alimentaire éclectique, est d’une solide constitution lui permettant d’aborder les hivers rigoureux.

Habitat

La Hulotte est une espèce forestière privilégiant les forêts à forte dominance de feuillus. Elle ne construit pas de nids mais recherche les cavités naturelles dans les arbres, les anfractuosités dans les falaises, les vieux édifices, les ruines, les églises, voire les monuments comme les châteaux, tours médiévales, etc. Parfois, un couple s’installe dans un parc urbain garni de vieux arbres. Elle occupe volontiers les nichoirs mis à sa disposition ainsi que les anciennes aires de rapaces diurnes (Buse variable, Milan noir, Milan royal) voire celles du Grand Corbeau. D’une manière générale, le domaine vital d’un couple reproducteur est d’environ 70 ha de forêt, avec une plus forte reproductivité dans des boisements âgés de 100 à 175 ans (1).

Cycle annuel

Lorsque les conditions liées notamment à la disponibilité des proies principales (Mulots sylvestres, Mulots à collier et Campagnols roussâtres) sont optimum, la Chouette hulotte peut débuter sa ponte au début du mois de janvier, mais, d’une manière générale, les reproductions s’échelonnement entre la mi-février et le début avril. La moyenne se situe entre 3 et 5 œufs. Les pontes dites de remplacement ainsi que les secondes nichées sont rares. L’incubation dure une trentaine de jours tout comme le séjour des jeunes au nid. Leur émancipation prendra fin environ 2 mois après leur envol. Le taux de remplacement des adultes reproducteurs est d’environ 20 % annuel. Une Hulotte est parfaitement capable de se reproduire dès sa 2ème année civile. Les couples sont fidèles entre eux et à leur site de reproduction. La dispersion juvénile moyenne est de 5 km à partir du lieu de naissance avec quelques variables plus ou moins importants. A ce sujet, nous pouvons relater, qu’un  poussin bagué au printemps 2012, sur la Commune de Belmont-Broye / Forêt du Grand Belmont, a été contrôlé comme femelle nicheuse en 2014 et en 2017 à  La Praz / VD, soit à une distance de 48 km.

Répartition

La Chouette hulotte occupe une large plage altitudinale qui va de la rive Sud du Lac de Neuchâtel (430 m) aux Préalpes fribourgeoises, soit à plus de 1800 m voire au-dessus.

Evolution

Les effectifs de la Chouette hulotte paraissent stables et ne semblent pas menacés à moyen terme. Cependant le changement climatique et la gestion forestière laissent des traces visuelles en forêt. Plusieurs essences sont décimées par différents ravageurs tandis que d’autres subissent de plein fouet le manque de pluviosité et l’augmentation des périodes de fortes chaleurs estivales. Nous constatons également un changement de pratique sylvicole notable avec les coupes liées à la production massive de bois énergie (2).

Références

Arnaud Trompat

Trompat A. (2005) : Recensement de la Chouette hulotte (Strix aluco) sur un secteur de la Forêt de Tronçais (Allier). Le Grand Duc n° 66.

Marcel Challet & Michel Juillard (JURANAT, Porrentruy)

Challet M., Juillard M. (2019) : La Chouette hulotte en Ajoie : une population perturbée par l’exploitation intensive des forêts. Nos Oiseaux 66/2 – juin 2019 – no 536.

Corcelles-près-Payerne, le 16 février 2024                                                           Bertrand Ducret

Chouette hulotte dans son gîte diurne